Johann Strauss à l’international
C’est son père qui a commencé : Johann Strauss I (1804-1849) fut le premier artiste de musique légère à voyager. Suivant le modèle de virtuoses itinérants tels que Franz List ou Niccolo Paganini, Strauss père se lança dans des tournées de concerts avec son orchestre. Cela était certes extrêmement difficile, mais cela rapportait de l’argent, des contacts, la presse et du prestige.
Professionnel du marketing
Johann Strauss fils grandit avec ces stratégies de gestion et de marketing, et les perfectionna. Chacun jouait un rôle dans cette entreprise familiale : sa mère, sa femme, ses frères Josef et Eduard (qui se destinaient en réalité à d’autres métiers).
Personne n’a su rivaliser avec la popularité de la superstar Strauss. À l’occasion des 40 ans de carrière de Johann Strauss, Eduard Hanslick, le critique musical le plus influent de l’époque, déclarait :
« Sa popularité est immense : les œuvres de Strauss résonnent dans le monde entier, et chez nous presque dans chaque maison. »
De Vienne à l’international
Après ses débuts réussis en 1844, la concurrence que représentait son père se faisant fortement sentir, le fils partit d’abord en voyage. Ses concerts à Graz en 1845, puis à Pest (Budapest) et Buda en 1846 furent un véritable triomphe. On raconta ensuite que le fils suivait les traces de son père, que ses compositions étaient aussi rafraîchissantes, mélodieuses et fantastiques que les « meilleurs produits » du père, et qu’il « produirait bientôt de nombreuses autres œuvres encore plus exceptionnelles. »
Il continua en direction des Balkans, en faisant halte à Bratislava (Preßburg à l’époque), Novi Sad, Belgrade et Bucarest. Après le décès de Strauss père, Johann fils fusionna les deux orchestres en 1849. Cela lui permit de prendre son complètement son envol, dans un premier temps à Varsovie, ou Nicolas Ier de Russie et l’empereur François-Joseph Ier venaient de se rencontrer. Strauss se produisit à cette occasion et y noua des contacts royaux.
Onze étés à Saint-Pétersbourg
En 1856, Johann Strauss travailla cinq mois au « Vauxhall » à Pavlovsk, à Saint-Pétersbourg. Une véritable sensation, il effectua dix autres séjours en Russie entre 1856 et 1886. Il y proposa non seulement ses propres œuvres, mais également d’autres issus du modernisme russe, telles que celle de Tchaïkovski. Bien entendu, Strauss continua de composer à Pavlovsk (il a été un grand travailleur tout au long de sa vie), notamment Pizzicato-Polka (Polka en pizzicato) avec son jeune frère Josef.
Johann aurait déclaré à propos de Josef : « Il est le plus doué, je suis le plus populaire. »
Allemagne : le scandale des miaulements
En octobre 1852, Strauss effectua une tournée allemande en passant par Dresde, Leipzig, Berlin et Hambourg. En 1876, il effectua une nouvelle tournée de concerts le conduisant à Berlin et Leipzig.
Lors de la première de son opérette Une nuit à venise en 1883, un scandale éclata : lorsque les artistes chantèrent « Nachts sind die Katzen ja grau, nachts tönt es zärtlich miau » (« La nuit les chats sont gris, la nuit de légers miaulements résonnent »), le public commença à miauler. Strauss dut rappeler les spectateurs à l’ordre, mais la même chose se produisit à nouveau lorsque la musique recommença. Six jours plus tard, lors de la première à Vienne au Theater an der Wien, le texte avait été remplacé par des paroles « sans miaulements » : « Ach wie herrlich zu schau’n sind all die herrlichen Frau’n » (« Ah, qu’il est bon de regarder toutes ces splendides femmes »).
De nouveau à Berlin : Strauss dirigea en 1889 la première représentation de la Valse de l’Empereur. Cette œuvre était à l’origine nommée Hand in Hand (Main dans la main) pour rendre hommage à l’amitié entre l’empire de Prusse et d’Autriche.
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Le Wiener Johann Strauss Orchester (L'Orchestre Johann Strauss de Vienne) joue la Kaiser-Walzer (valse impériale) de Johann Strauss fils dans la salle dorée du Musikverein.
Triomphe en France et en Angleterre
Johann se rendit à Paris pour la première fois en 1867. Il se produisit à l’occasion de l’Exposition universelle de Paris, où le Prince de Galles, plus tard roi Édouard VII, aurait assisté à l’un de ses concerts. Et qui le protégea par la suite : Johann Strauss se vit confier la direction de la musique de danse pour la 63ème édition des « Promenades-concerts » au théâtre de Covent Garden à Londres en 1867. Dans les œuvres qu’il composa là-bas, Erinnerung an Covent-Garden op. 329 (Souvenirs de Covent Garden op. 329) et Festival-Quadrille op. 341, Strauss fait référence à des chansons anglaises populaires. La valse Le Beau Danube Bleu fut également interprétée à Londres, en anglais et par 100 choristes.
Strauss se rendit de nouveau à Paris en 1875, où sa première opérette La Reine Indigo connut un grand succès pendant trois ans. Strauss dirigea des bals masqués à l’Opéra de Paris lors du carnaval de 1877. Le 28 mars 1877, Strauss se vit nommer chevalier de l’ordre français de la Légion d’honneur. En 1877, il dirigea La Tzigane, un remaniement de La Chauve-Souris, puis un bal à l’Opéra de Paris en 1879.
50 000 spectateurs aux États-Unis
Johann Strauss établit sa renommée mondiale lors de ses concerts à Boston et New York en 1872. Il donna 16 de ses 23 concerts à l’occasion du World’s Peace Jubilee (Jubilé mondial de la paix) de Boston. Là-bas, tout était gigantesque : accompagné d’assistants, Strauss dirigea un orchestre comptant 1 000 musiciens dans le « Colisée » spécialement construit pour cette fête de la musique – on estime qu’il y eut environ 50 000 spectateurs, à l’image des popstars de nos jours.
Il se rendit ensuite à New York pour donner trois concerts. Lors de son dernier concert à l’Academy of Music de New York, Strauss apporta sa touche personnelle aux Manhattan Waltzes (Valses de Manhattan).
Bella Italia
Johann Strauss se lança dans une tournée de concerts à travers l’Italie avec l’orchestre de l’Exposition universelle de Vienne en 1874. C’est au Teatro Regio de Turin qu’il donna la première représentation de sa valse Wo die Citronen blühen op. 364 (Là où fleurissent les citrons op. 364) sous le titre Bella Italia, qui figure aujourd’hui dans le répertoire des Petits Chanteurs de Vienne :
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Wiener Sängerknaben: Wo die Zitronen blühen (Johann Strauss)